Homard au jus d’agrumes
Convives : 4
Préparation : 90 mn
Cuisson : 60 mn
Ingrédients :
– 2 homards de 700 gr
– 20 gr + 20 gr de beurre
– 2 échalotes
– 15 cl de jus d’agrumes (1 pomélo + 1/2 orange)
– 35 cl de fumet de crustacés
– 5 cl de liqueur d’orange (cointreau ou grand-marnier)
– 1 bâtonnet de citronnelle
– 6 feuilles de combava
– 2 c.c. de sucre muscovado clair
– le zeste d’une demi orange
– 1 citron combava
– 10 grains de poivre noir
– 5 grains de poivre blanc (malabar)
– 10 grains de rocou
Recette :
– Plonger les homards dans une casserole d’eau bouillante salée additionnée d’une dizaine de grains de poivre noir et les laisser cuire 4 minutes.
– Décortiquer les queues et les pinces et réserver au frais dans un linge humide (pour éviter le dessèchement).
– Faire suer les échalotes dans 20 gr de beurre et ajouter une tête de homard concassée.
– Continuer la cuisson durant 3 minutes, puis déglacer avec la liqueur d’orange et réduire à sec
– Déglacer avec le fumet de crustacés et je jus d’agrumes, ajouter le poivre blanc moulu, le rocou, le bâtonnet de citronnelle et les feuilles de combava ainsi que le sucre.
– Laisser réduire doucement de moitié
– Passer au chinois en foulant la préparation pour en extraire tous les sucs.
– Ajouter les zeste d’orange ainsi que les zeste du citron combava, et les faire confire doucement dans le jus une vingtaine de minute puis rectifier l’assaisonnement
– Couper les queues de homard en deux et les débarrasser de l’appareil digestif, puis les faire revenir rapidement avec les pinces dans une sauteuse dans 20 gr de beurre.
– Débarrasser dans un environnent humide (pour éviter le dessèchement), en les recouvrant de papier absorbant humide par exemple.
– Déglacer la sauteuse avec les jus d’agrumes (et les zestes confits) et porter à ébullition pour rendre le jus presque sirupeux.
– Dresser les assiettes (préalablement maintenues au chaud dans un four à 100°C) en disposant une demie queue et une pince par personne accompagnée d’une à deux c.s. de jus d’agrumes ainsi qu’une garniture (un risotto à la crème de crustacés par exemple).
Velouté de Butternut
Convives : 4
Préparation : 30 mn
Cuisson : 30 mn
Ingrédients :
– 1 c.s d’huile de pépins de raisin
– 20 gr de beurre
– 1 échalote
– 1 courge Butternut (environ 800gr – peut être remplacé par tout type de courges, en particulier les courges sucrées comme le potimarron)
– 1 gousse d’ail
– 1 pomme de terre
– une douzaine de châtaignes cuites et pelées
– 40 cl de lait entier (ou du lait de soja)
– 1/2 c.c. de noix de muscade rapée
– 2 c.c. de reglisse en poudre (ou un bâton de réglisse)
– 6 grains de poivre blanc (Muntok idéalement)
– sel
optionnel :
– gomasio
Recette :
– Mettre le beurre et l’huile dans une sauteuse à feux moyen, puis faire suer l’échalote ciselée.
– Peler la courge, la découper en gros dés et l’ajouter dans la sauteuse. Laisser suer en remuant 5 minutes
– Si vous n’avez pas de réglisse en poudre mais seulement un bâton, faire infuser le bâton dans le lait chaud. Sinon délayer la poudre de réglisse dans le lait.– Ajouter le poivre moulu et la noix de muscade dans le lait, et verser l’ensemble dans la sauteuse.
– Ajouter la pomme de terre pelée et coupée en morceaux ainsi que la gousse d’ail dégermée et les châtaignes.
– Laisser cuire à couvert à feux doux 30 minutes après les premiers bouillons.
– Passer l’ensemble au mixer et saler à convenance
– Servir ce velouté dans des bols individuels en les saupoudrant de gomasio.
Fusilli aux oeufs de truite et fenouil jeune

Fusilli aux oeufs de truite et fenouil doux
Étant grand mangeur de pâtes (c’est presque un élément quotidien dans mon alimentation), je me décide à écrire quelques unes de mes recettes de « pasta » !
![]() Jeune fenouil doux de Florence La difficulté de cette première recette réside dans la recherche du fenouil idéal. Ici nous allons non seulement utiliser le bulbe, mais également les branches (comme le céleri) ainsi que les pluches (comme l’aneth). Pour cela nous allons devoir trouver un fenouil relativement jeune (afin que les tiges ne soient pas filandreuses et le bulbe peu développé) et en bon état général (afin de pouvoir disposer de feuilles utilisables). Mon primeur appelle cela jeune « fenouil doux de Florence », mais en gros ça ressemble à l’image ci-jointe, avec des tiges plus fournies en feuilles. |
Convives : 4
Préparation : 20 mn
Cuisson : 20 mn
Ingrédients :
– 1 c.s d’huile d’olive
– 1 échalotte
– 1 pot d’œufs de truite (100 gr)
– 400 gr de fusilli (je dose les pates à 100gr de pates sèches par personne – peser les pates avant de les cuire prend 30 secondes, c’est un geste simple qui permet d’éviter les restes)
– 1 jeune fenouil
– 15 cl de crème fleurette (peut se remplacer par du Soja Cuisine pour ceux que les graisses animales rebutent)
– Fleur de sel et poivre de Tellicherry (ou à défaut du poivre noir mignonette)
optionnel :
– 25 cl de fumet de poisson
Recette :
– Faire chauffer 3 litres d’eau dans un cuiseur à pate (ou a défaut une marmite) ainsi que le fumet de poisson.
– Une fois l’eau à ébullition saler légèrement et plonger les pâtes pendant la durée de cuisson indiquée sur le paquet (penser à remuer deux à trois fois pendant la cuisson pour bien décoller les pâtes).
– Mettre l’huile à chauffer dans un sautoir, émincer finement l’échalote et le faire suer à feux moyen.
– Émincer finement les tiges et le bulbe du fenouil et les mettre dans le sautoir. Laisser cuire à couvert sur feux doux 8 mn.
– Ajouter la crème, les oeufs de truite et 4 c.s de pluches de fenouil émincées finement.
– Ajouter les pâtes (bien) égoutées, puis poivrer à convenance et bien enrober avec la sauce.
– Ajouter de la fleur de sel et des pluches entières de fenouil sur le dessus (soit dans l’assiette si c’est un service à l’assiette soit directement dans le sautoir) et servir !
Tajine d’agneau aux coings
On arrive à la fin de la saison du coing, et donc en trouver sera peut-être un peu compliqué. Cependant cette recette peut également se réaliser avec des poires à la place des coings, et bien que la saison des poires soit la même que celle du coing (septembre-novembre) la « magie » de notre monde moderne nous permet d’avoir des poires toute l’année … toutefois, si vous deviez utiliser des poires, sachez qu’elles tiennent moins bien la cuisson et il faudra donc adapter les temps de cuisson.
Convives : 4
Préparation : 30 mn
Cuisson : 1h30
Ingrédients :
– 1 c.s d’huile d’olive
– 800 gr d’épaule d’agneau coupée en gros dés
– 1 oignon
– 25 cl de fond de volaille (ou du bouillon cube à défaut)
– 3 c.c de ras-el-hanout
– quelques pistils de safran
et
– 2 gros coings
– 10 gr de beurre
– 6 c.s de sirop d’agave (ou de la cassonade à défaut)
– 1 c.s. de vinaigre de riz
– 1/2 c.c de cannelle en poudre
– 1/2 c.c de gingembre en poudre
Recette :
Tajine
– Faire chauffer un plat à tajine, ou à défaut une cocotte en fonte.
– lorsqu’il est modérément chaud, mettre l’huile et faire suer l’oignon émincé.
– faire revenir ensuite les dés d’épaule d’agneau.
– mélanger le fond de volaille avec le ras-el-hanout, le safran et assaisonner (sel et poivre)
– ajouter le fond de volaille épicé dans le plat à tajine puis bien répartir l’agneau dans le plat
– couvrir et laisser mijoter une heure en remuant légèrement à mi-cuisson.
C’est la (ma) base du tajine d’agneau, cette recette peut donc être réutilisée pour de nombreux tajines.
Garniture
– Découper les coing en 8 quartiers après les avoir pelés et épépinés
– Faire fondre le beurre dans une sauteuse et ajouter le sirop d’agave ainsi que la canelle et le gingembre
– Faire caraméliser à feux vif, puis détendre avec le vinaigre et baisser le feux (feux doux)
– Disposer les quartier de coing dans la sauteuse en les enrobant de caramel
– laisser cuire une quinzaine de minutes en retournant les quartiers régulièrement et en les arrosant du caramel
– arrêter le feux et continuer à enrober les coings avec le caramel pendant une quinzaine de minutes
Enfin …
– Disposer les quartiers de coings harmonieusement sur le tajine, puis continuer la cuisson du tajine une trentaine de minutes
Nasi Uduk
Mes livres de recette Thaï étant en ce moment tous en vadrouille, lors de ma dernière envie de riz frit je me suis (par bonheur) rabattu sur un livre de cuisine indonésienne … j’y ai découvert un cousin gourmand du Nasi Goreng dont voici ici mon interprétation.
(Recette pour deux personnes … en fait c’est pour un peu plus que deux mais chut …)
Ingrédients :
– 1 c.s. d’huile neutre (pepin de raisin)
– 3 c.s. de cacahuètes non salées pilées grossièrement
– 200 ml de lait de coco
– 400 ml d’eau
– 1 tige de citronnelle fraiche (10 cm)
– 8 feuilles de curry (karipoulé/caloupilé)
– 1/2 botte de ciboule ou bien 2 oignons nouveaux avec tige
– mélange d’épice moulues composé de : 1 c.c. de cumin, 1/2 c.c. de cardamome verte et 1/2 c.c. de curcuma moulu
– 200 gr de riz long (thaï ou basmati)
Recette :
– Faire chauffer l’huile dans une sauteuse et ajouter les cacahuètes.
– Une fois les cacahuetes bien dorées, ajouter le lait de coco, la citronnelle les feuilles de curry et la ciboule émincée.
– porter à ébullition tout en remuant et ajouter les épices.
– ajouter le riz et laisser reprendre l’ébullition.
– baisser le feu et cuire à couvert entre dix et quinze minutes (le temps de cuisson dépend du riz utilisé)
rem : on peut incorporer une c.c. de sambal oelek (sambal ulek) si vous souhaitez relevez ce plat.
Le cyclo : la décomposition du phở
Posté par Romain dans Restaurants le 31 août 2009
C’est en me rendant au Baratin (que je vous conseille vivement si ce lieu vous est inconnu) je j’ai remarqué pour la première fois ce petit resto. Au milieu des nombreux restaurants chinois/vietnamien/thaï (lire le / comme un &), j’ai plutôt tendance a remarquer les restaurants seulement Thaï ou seulement Vietnamien … généralement ces lieux mettent en avant une cuisine traditionnelle et non une cuisine d’assemblage comme dans les nombreux restaurant chinois (& thaï, & vietnamien … & japonnais dans le pire des cas … un jour ils feront aussi des pizza).
Le Cyclo est donc un restaurant vietnamien ! Première bonne surprise, la carte est courte (pour un restaurant asiatique) : 10 entrées & 10 plats. Le restaurant est un peu petit, ce qui nous oblige à faire table commune avec d’autres clients, et donc génère un élan de convivialité chez chacun, assez plaisant sauf peut-être si vous souhaitez passer un moment en tête à tête. La vaisselle d’inspiration céramique japonaise met particulièrement en valeur les différents mets servis et vu la gamme de prix pratiqué (j’y reviendrai) c’est assez surprenant et m’a particulièrement séduit. Mais parlons de l’essentiel : est-ce que c’est bon ?
Pour ma première visite, j’ai partagé une entrée (copieuse) : une salade de mangue verte. Petite déception, la mangue était trop mûre et donc la salade un peu trop sucrée. Mais la France métropolitaine et ses voisins n’étant pas à ce jour un pays reconu comme producteur de mangue, ce n’est pas forcément le choix le plus adapté en terme d’entrée. Autant la papaye verte nous parvient et se maintient à un niveau de maturité acceptable en Europe, autant j’ai l’impression que c’est une autre histoire concernant la mangue verte. Puis, alors que mon compagnon de tablée se fit servir un tom-bun (un bo-bun aux crevettes) plutôt copieux et visiblement succulent, je n’ai pu résister à prendre un phở. Paf ! Je ne sais pas si c’est mon irrésistible envie de manger un phở ou bien si ce phở confinait au sublime, mais je fût plus que charmé.
Afin de me faire un avis (définitif) sur ce resto, j’ai décidé d’y retourner quelque jours plus tard … seul cette fois, un midi et en fin de service. Pas d’entrée cette fois, mais seulement un plat. J’opte pour la spécialité de la maison ( La soupe cyclo – je n’ai pas retenu le nom vietnamien) : une soupe asséchée. Que se cache donc derrière cette curieuse appellation ? je lis la description, ça ressemble vaguement à un phở mais la mention « bouillon servi à part » m’intrigue … le plat est donc en deux parties : un grand bol avec des nouilles, du bœuf et des légumes/aromates et un petit bol de bouillon. Et re-paf ! je comprend rapidement que le nom original de ce plat est certainement intraduisible, car la soupe n’est certainement pas asséchée mais tout simplement concentrée. On a ici des nouilles et du bœuf cuits dans un délicieux bouillon qui agit en tant que vecteur sapide et parfume délicieusement ces éléments auxquels on ajoute quelques morceaux de coriandre, cives et basilic et une sauce légère, puis le bouillon a été réduit longuement afin d’en concentrer les saveurs … le phở est ici véritablement décomposé ce qui nous permet d’en comprendre l’essence à travers ce bouillon délicieusement concentré, tout en gardant une extrême cohérence justement grâce à ce bouillon qui a pu imprégner l’ensemble des éléments. Je ne sais pas si ce mode de préparation est commun dans la cuisine vietnamienne qui est une cuisine populaire (par opposition à la cuisine thaï qui est une cuisine royale et donc plus encline à soigner les détails), mais c’est une façon d’aborder cette cuisine populaire sous un jour nouveau pour moi et je n’aurai pas besoin d’une troisième visite. Ce resto est incontournable à Paris, et fait un très bon point de chute lorsque le baratin et le krung-thep sont complets.
Enfin, j’avais dit que j’y reviendrai, les prix pratiqué sont assez loins des prix parisiens habituels ce qui mine de rien est assez apréciable … environ 8€ l’entrée (à partager à deux vu les quantités) & 10 € le plat.
Cyclo
78, Rue de Belleville, 75020 Paris
Métro : Pyrénées
Tel : 01 40 33 48 86
C’est pas parce que c’est simple qu’il faut faire n’importe quoi !
A plusieurs reprises j’ai été confrontés lors de présentations, d’échanges ou de débats au gimmick « ça n’a pas besoin d’être compliqué pour que ce soit bon ». C’est effectivement extrêmement énervant d’être confronté à un plat particulièrement élaboré en particulier techniquement et esthétiquement mais qui finalement ne suscite aucune émotion et aucun plaisir. Toutefois il y a quelque chose qui m’énerve encore plus c’est quand on ne prend pas la peine de s’appliquer un peu pour réaliser les plats les plus simples …voici donc pour inaugurer cette nouvelle catégorie un plat régulièrement massacré dans la plupart des brasseries parisienne : le crumble (sucré)
Un crumble c’est avant tout des fruits mais surtout un appareil. Si pour les fruits tout est à peu près possible (et la préparation de ces derniers dépends de leur résistance à une cuisson au four ou de leur spécificité … pour de la rhubarbe par exemple, il faut la laisser confire 12h au préalable dans du sucre), pour l’appareil c’est par ici :
Ingrédients :
– 100 grammes de beurre (ramolli et coupé en dés)
– 100 grammes de sucre (idéalement non raffiné, de type muscovado clair)
– 100 grammes de poudre d’amande
– 100 grammes de farine tamisée
– optionnel : 2 cuillères à café de poudre de réglisse
Recette :
– disposer l’ensemble des ingrédients dans un bol et pétrir à la main (il est également possible de pétrir cette pâte au robot) jusqu’à obtention d’une pâte sablée et granuleuse
Il suffira ensuite de disposer dans le fond d’un plat les fruits préparés avec éventuellement des condiments ou des épices (du gingembre frais ou des graines d’anis par exemple) puis de disposer l’appareil sur le dessus. Enfourner et laisser cuire environ 25 minutes à 160°C
Le Gargouillou de jeunes légumes : une leçon de cohérence
Posté par Romain dans Restaurants le 23 juillet 2009
Dans le précédent billet concernant une table (L’auberge basque), devant le manque de cohérence de certains plats servis, l’idée qu’un plat équilibré se compose de trois saveurs seulement, idée chère à Ducasse et tant d’autre chefs, m’est également apparue comme une vérité dogmatique incontournable.
Mais voilà, un petit passage chez les Bras m’a permis de fort heureusement bousculer ce dogme, ce qui me rassure quelque part car si le dogme est nécessaire à bien des domaines c’est aussi un frein à la création. Je ne m’étendrai pas sur la maison Bras, je pense que l’essentiel a déjà été dit maintes fois et en particulier dans le génial documentaire de Paul Lacoste « L’invention de la cuisine« . En revanche je profiterai de cet évènement (car je confirme que manger chez les Bras est un évènement pour qui s’intéresse un minimum à la chose gastronomique) pour continuer la réflexion de mon précédent billet en m’attardant sur l’un des plats emblématique des Bras : Le Gargouillou de jeunes légumes.

Gargouillou de jeunes légumes
Ci-contre un aperçu de mon Gargouillou en cette soirée de la fin du mois de juin 2009 (l’appropriation du Gargouillou qui ma été servi à travers le pronom « mon » n’est pas innocente, nous le verrons plus loin).
Comme on peut le voir dans le documentaire de Paul Lacoste, et c’est certainement ce qui fait que de temps en temps la cuisine japonaise est citée (à tort ?) comme influence de la cuisine des Bras, la première impression est très « graphique ». La démarche créative chez Michel Bras se fait tout d’abord avec un dessin dans un carnet. Mais ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas de faire du goût, des textures voire des odeurs des notions secondaires car ces notions là font partie intégrante de l’inconscient du chef… elles viennent en même temps que le coup de crayon du chef, mais n’ont pas besoin d’être transcrites. Cette approche esthétique de l’assiette n’est à mon sens qu’une façon de souligner l’extrême respect que l’on doit avoir pour le produit qui s’y trouve.
Et du produit dans ce Gargouillou il y en a … végétal essentiellement, des légumes bien-sûr, des fruits en moindre quantité, quelques fleurs et plantes et enfin des condiments (les Niak dans le langage Bras). Inutile de faire l’addition, on a dépassé de très loin les trois saveurs dominantes. Et pourtant ici nulle confusion, nul écœurement mais une harmonie surprenante de saveur et de textures … et c’est certainement justement sur les textures que la magie de ce plat opère, l’exigence technique mise en œuvre pour la préparation des différents produit de ce Gargouillou et en particulier sur les éléments « croquants » (mais fondant) donne au plat une cohérence qui permet de dépasser complètement le choc des saveurs pour le transformer en véritable voyage à travers la prairie voisine. On est assez loin de l’association entre une chips de meringue (classique donc très sucrée) et d’une mousse d’anchois (classique elle aussi donc très salée) du précédent billet.
Un autre élément essentiel permet de renforcer la cohérence de ce plat, et c’est d’ailleurs le seul élément commun de ce plat avec le Gargouillou original de la tradition de l’Aubrac. Bien qu’on ne le découvre que tardivement dans la dégustation du plat (tout au moins visuellement), la tranche de jambon (et plus particulièrement le gras) qui a permis d’enrober de sa saveur les différents légumes est en quelque sorte le fil conducteur bouchée après bouchée.
Enfin, un dernier point qui rend ce plat exceptionnel est qu’il est vivant. Il est vivant car chaque jour il est l’expression à la fois du Chef mais mais aussi de ce que la prairie lui a offert. Il est vivant car mon Gargouillou sera très différent de celui de mon voisin car c’est un plat que l’on s’approprie et que la multitude de saveurs présentes permet des associations infinies et donc des expériences culinaires très différentes d’une assiette à l’autre, d’une table à l’autre.
Or on ne peut faire de plats « vivants » que quand on a des produits d’une extrême qualité et que ces produits sont particulièrement respectés, et si il y a bien un dogme qu’on aura du mal à me faire abandonner (mais qui sait, c’est temps-ci les cuisiniers se transforment alchimistes, ils vont donc peut-être transformer du bœuf américain aux hormones en wagyu de Kobe ?) c’est qu’on ne peut pas faire de bonne cuisine sans bon produit… et le Gargouillou de Michel Bras est pour moi un grand témoignage de respect pour les produits que la nature nous offre.
Soupe froide de roquette, piment d’espelette et « citronnade »

Soupe froide de roquette
(Pour quatre personnes)
Ingrédients :
– 150 grammes de roquette
– 10 cl de crème fleurette
– 50 cl de bouillon de volaille
– 10 grains de poivre blanc Muntok
– 100 grammes d’oignons nouveaux émincés
– 2 gousses d’ail
– piment d’espelette
– « citronnade » (mélange d’épices et de végétaux aux goûts citronnés et réduits en poudre)
– pluches de persil plat et de coriandre
Recette :
– faire suer les oignons à feu doux dans deux c. s. d’huile d’olive
– ajouter l’ail écrasé et la roquette afin de la faire « tomber »
– au bout de quelques minutes, ajouter le bouillon de volaille brulant ainsi que le poivre moulu finement
– laisser cuire à feux doux 5 minutes
– ajouter la crème fleurette et passer au blender
– saler à votre convenance
– laisser refroidir une heure et mettre la préparation au froid
Dressage :
– Verser la soupe froide dans une assiette creuse
– tracer deux traits d’épices (un de piment et un de citronnade)
– déposer quelques pluches d’herbes
– enfin, on peu également ajouter quelques goutes d’huile de cumbava